Quand les enseignants manifestent contre les -absurdes- nouveaux programmes, la suppression des réseaux d'aides aux élèves en difficulté, des IUFM, contre le fait que les profs remplaçants seront apparemment bientôt des intérimaires (qui n'auront jamais vu une classe!)contre le fait que la maternelle sera bientôt remplacée par des jardins d'éveil sans enseignant (et au passage dévolus aux collectivités territoriales, un grand pas pour l'inégalité des chances)contre le fait que ces différentes mesures sont lancées à la va-vite et sans concertation avec les fédérations d'enseignants ou de parents d'élèves, on se dit que notre ministre veut amener l'école droit dans le mur...
et effectivement, c'est voulu. la presse a préféré parler de ce qui touche d'abord les gens: le service minimum d'accueil des élèves. N'insistons pas sur ce point, ses avantages et inconvénients. Darcos a répondu salaire en hausse (c'est vrai pour une minorité d'entre nous en effet. D'ailleurs, j'aurais bien aimé en faire partie)ou peur d'évoluer de notre profession. Cynique. Il n'a pas parlé de service public, d'égalité des chances, encore moins de laïcité. Ben voyons... lisez donc la suite: c'est de vos enfants qu'on parle...
Un excellent article d'Anne BRIGAUDEAU:
Xavier Darcos veut-il démanteler l'école publique? Oui, répondent les auteurs d'un livre paru chez Demopolis ("Main basse sur l'école publique" Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi).
Pour l'enseignant Eddy Khaldi et la journaliste Muriel Fitoussi, l'actuel ministre de l'Education nationale entend saper les bases de l'école publique républicaine et pousser peu à peu classes moyennes et supérieures vers le privé.
Leur livre, "Main basse sur l'école publique", est, malheureusement, aussi étayé que convaincant.
Les auteurs se sont penchés sur la généalogie des idées qui marquent ce gouvernement, en matière d'éducation nationale. Celles-ci vont puiser dans un vivier idéologiquement marqué, qui emprunte aussi bien au Club de l'Horloge qu'à l'Opus Dei.
Catholiques conservateurs et droite ultra-libérale se sont rejoints, expliquent Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi, pour prôner "le chèque éducation" (aux Etats-Unis, "school voucher"): un coupon donné à l'école de son choix. L'école remet le coupon au gouvernement, qui le convertit en argent. On se doute des conséquences d'une telle mesure: appauvrissement de l'école publique, enrichissement des écoles privées les plus prisées, baisse générale du niveau des enseignants, fin de toute mixité sociale.
Xavier Darcos s'est bien gardé, expliquent les auteurs, d'appliquer d'emblée une mesure si brutale. Pour affaiblir l'école publique et préparer les esprits, mieux vaut avancer masqué. Il s'agit d'abord, martèle le gouvernement, de faire des économies. Sans guère susciter de réaction, deux heures d'enseignement ont ainsi été supprimées cette année dans le primaire (le samedi ou mercredi matin. Et tans pis pour les rythmes de l'enfant qui seraient mieux respectés par un système avec un peu moins de vacances et des journées plus courtes...) Suppression également de 11.200 postes d'enseignants dans l'Education Nationale (13.500 prévus l'an prochain). Détail rarement souligné, mais relevé par nos auteurs (pages 69 et 78): le gouvernement a ôté, en proportion, moins de postes dans le privé (les enseignants des écoles sous contrat sont payés par l'Etat), que dans le secteur public.
Insidieusement, l'argent public s'oriente de plus en plus vers l'enseignement privé, en particulier catholique. Et le mouvement ne date pas d'aujourd'hui: la loi sur la décentralisation du 13 août 2004 "impose aux communes de contribuer aux frais de scolarité des élèves qui résident sur leur territoire et sont inscrits dans une école privée située sur une autre commune". Une loi impulsée par Jean-Pierre Raffarin qui aurait prononcé en juin 1994, devant des personnels d'établissement catholique de Poitou-Charentes, cette phrase ahurissante: "Je ne serai pas le complice du développement de l'enseignement public" (page 142).
Autre concession de taille à la droite la plus réactionnaire: la suppression des IUFM, dénoncés depuis longtemps par celle-ci comme un nid de "pédagogistes" malfaisants." (une bande d'affreux qui veut apprendre aux élèves à réfléchir davantage qu'à obéir...)L'économie réalisée par une telle opération se chiffre à près de 30.000 emplois de stagiaires, le volet IUFM du budget de l'Education Nationale étant purement et simplement supprimé, puisque la formation dispensée aux élèves-professeurs ne serait plus rémunérée". Conséquence incroyable: l'enseignement devient le seul métier qui ne nécessite pas de formation spécifique. (rien ne vaut le tas? ben on va apprendre sur le tas! c'est moins cher, donc c'est mieux!)
A ranger dans le même rayon, la pseudo-suppression de la carte scolaire. Comme il est difficile de pousser les murs, lycées et collèges publics cotés n'accueillent pas plus d'enfants. L'annonce gouvernementale d'"aménagement" de la carte scolaire a surtout multiplié les parents déçus, qui se sont rabattus (quand ils ont pu) sur les lycées et les collèges privés. Une déception qui ne doit rien au hasard : si l'on en croit les auteurs du livre, tel était le but de la manœuvre. "Devant le naufrage annoncé et comme précipité de l'Education Nationale, ... l'école privée, bien que porteuse de ségrégation sociale, est en passe de devenir le nouvel eldorado de familles séduites par les slogans des marchands d'école, à longueur de palmarès et d'articles élogieux que, pourtant les statistiques officielles démentent."
Autant lire au plus vite cet ouvrage salutaire qui met en garde l'ensemble des parents contre l'asphyxie programmée de l'école républicaine. Certes, celle-ci ne saurait être exempte de critique et ne parvient pas toujours à mener à bien toutes ses missions. Mais elle tente de le faire, avec de moins en moins de moyens. L'école publique est encore un lieu de mixité sociale, et elle est seule à garantir un enseignement laïc, gratuit et obligatoire. Un héritage en voie de liquidation.
Anne BRIGAUDEAU
Ajoutons que cette école publique subsistera pour les élèves dont les parents n'auront pas les moyens de payer le privé... autant qu'elle puisse assurer leur avenir aussi. (tiens, Darcos n'a pas parlé d'ascenseur social non plus...) Quant aux programmes, il doit bien y avoir un problème, car même dans le privé, les enseignants s'en plaignent...
En écho avec le long (mais interessant)commentaire précédent, voici le lien d'une vidéo très instructive. A partir de la 10ème minute, on y voit l'interview d'Eddy Khaldi.Ca fait froid dans le dos ! http://defense-ecolerepublique.over-blog.com/3-archive-11-2008.html
Je travaille en école privée (par choix personnel) et peu importe ma couleur politique, mais je suis aussi outrée que vous tous par ce qui se passe!
Et je ne crois pas que nous (le privé) en retirerons des bénéfices comme le laisse entendre le comm' de 0h43. C'est tout l'enseignement qui va en sortir perdant et appauvri si rien ne se passe pour arrêter ces absurdités dangereuses qui nient la valeur de notre métier!
C'est une chance d'avoir le choix d'une école privée en France (et pas forcément catholique...) Et il n'est pas normal que cette école n'ait pas forcément les mêmes moyens (au passage, je n'ai jamais compris pourquoi leur enseignants ne bénéficiaient pas des IUFM. le programme dépend du ministère public, le versement des salaires aussi. pourquoi donc différencier la formation?) Comme il n'est pas normal que l'école publique de demain n'offre pas l'égalité des chances qu'elle promeut encore aujourd'hui (pour le moment)qu'elle se centre sur la didactique et non la pédagogie, qu'elle nie les recherches actuelles, répudie sa maternelle, se sépare de son rased ou de ses brigades...
De toute façon, le débat n'est pas là. Ce que ne semble pas dévoiler l'article de Mme Brigaudeau, c'est que l'école privée n'y gagnera que de l'argent: elle y perdra autant que sa consœur du public en termes de qualité, de condition de travail, de crédibilité... (ce que Kati a visiblement bien compris de sa situation)
12 commentaires:
Merci Jack, t'es un chef :D
Oui jack !!!
VIVE LE FACTEUR !!!
OK
C'EST prêt pour jour J heure H !!!
VIVE LE FACTEUR AUSSI !!!
Il a beaucoup de secrétaires XD ? elles/ils vont avoir du boulot !!
Pour moi, c'est bon ! Je n'ai plus que les timbres à acheter !
OK c'est noté. Dis est-ce que l'on peut envoyer un de tes dessins ? Je les trouvent beaucoup plus parlants que ceux qui sont proposés.
les lettres sont prêtes!
le décompte est enclenché...
à faire circuler aussi:
Quand les enseignants manifestent contre les -absurdes-
nouveaux programmes, la suppression des réseaux d'aides aux
élèves en difficulté, des IUFM, contre le fait que les profs
remplaçants seront apparemment bientôt des intérimaires (qui
n'auront jamais vu une classe!)contre le fait que la
maternelle sera bientôt remplacée par des jardins d'éveil
sans enseignant (et au passage dévolus aux collectivités
territoriales, un grand pas pour l'inégalité des
chances)contre le fait que ces différentes mesures sont
lancées à la va-vite et sans concertation avec les
fédérations d'enseignants ou de parents d'élèves, on se dit
que notre ministre veut amener l'école droit dans le mur...
et effectivement, c'est voulu.
la presse a préféré parler de ce qui touche d'abord les
gens: le service minimum d'accueil des élèves. N'insistons
pas sur ce point, ses avantages et inconvénients. Darcos a
répondu salaire en hausse (c'est vrai pour une minorité
d'entre nous en effet. D'ailleurs, j'aurais bien aimé en
faire partie)ou peur d'évoluer de notre profession. Cynique.
Il n'a pas parlé de service public, d'égalité des chances,
encore moins de laïcité. Ben voyons...
lisez donc la suite: c'est de vos enfants qu'on parle...
Un excellent article d'Anne BRIGAUDEAU:
Xavier Darcos veut-il démanteler l'école publique? Oui,
répondent les auteurs d'un livre paru chez Demopolis ("Main
basse sur l'école publique" Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi).
Pour l'enseignant Eddy Khaldi et la journaliste Muriel
Fitoussi, l'actuel ministre de l'Education nationale entend
saper les bases de l'école publique républicaine et pousser
peu à peu classes moyennes et supérieures vers le privé.
Leur livre, "Main basse sur l'école publique", est,
malheureusement, aussi étayé que convaincant.
Les auteurs se sont penchés sur la généalogie des idées qui
marquent ce gouvernement, en matière d'éducation nationale.
Celles-ci vont puiser dans un vivier idéologiquement marqué,
qui emprunte aussi bien au Club de l'Horloge qu'à l'Opus Dei.
Catholiques conservateurs et droite ultra-libérale se sont
rejoints, expliquent Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi, pour
prôner "le chèque éducation" (aux Etats-Unis, "school
voucher"): un coupon donné à l'école de son choix. L'école
remet le coupon au gouvernement, qui le convertit en argent.
On se doute des conséquences d'une telle mesure:
appauvrissement de l'école publique, enrichissement des
écoles privées les plus prisées, baisse générale du niveau
des enseignants, fin de toute mixité sociale.
Xavier Darcos s'est bien gardé, expliquent les auteurs,
d'appliquer d'emblée une mesure si brutale. Pour affaiblir
l'école publique et préparer les esprits, mieux vaut avancer
masqué. Il s'agit d'abord, martèle le gouvernement, de faire
des économies. Sans guère susciter de réaction, deux heures
d'enseignement ont ainsi été supprimées cette année dans le
primaire (le samedi ou mercredi matin. Et tans pis pour les
rythmes de l'enfant qui seraient mieux respectés par un
système avec un peu moins de vacances et des journées plus
courtes...) Suppression également de 11.200 postes
d'enseignants dans l'Education Nationale (13.500 prévus l'an
prochain). Détail rarement souligné, mais relevé par nos
auteurs (pages 69 et 78): le gouvernement a ôté, en
proportion, moins de postes dans le privé (les enseignants
des écoles sous contrat sont payés par l'Etat), que dans le
secteur public.
Insidieusement, l'argent public s'oriente de plus en plus
vers l'enseignement privé, en particulier catholique. Et le
mouvement ne date pas d'aujourd'hui: la loi sur la
décentralisation du 13 août 2004 "impose aux communes de
contribuer aux frais de scolarité des élèves qui résident
sur leur territoire et sont inscrits dans une école privée
située sur une autre commune". Une loi impulsée par
Jean-Pierre Raffarin qui aurait prononcé en juin 1994,
devant des personnels d'établissement catholique de
Poitou-Charentes, cette phrase ahurissante: "Je ne serai pas
le complice du développement de l'enseignement public" (page
142).
Autre concession de taille à la droite la plus
réactionnaire: la suppression des IUFM, dénoncés depuis
longtemps par celle-ci comme un nid de "pédagogistes"
malfaisants." (une bande d'affreux qui veut apprendre aux élèves à réfléchir davantage qu'à obéir...)L'économie réalisée par une telle opération se
chiffre à près de 30.000 emplois de stagiaires, le volet
IUFM du budget de l'Education Nationale étant purement et
simplement supprimé, puisque la formation dispensée aux
élèves-professeurs ne serait plus rémunérée". Conséquence
incroyable: l'enseignement devient le seul métier qui ne
nécessite pas de formation spécifique. (rien ne vaut le tas? ben on va apprendre sur le tas! c'est moins cher, donc c'est mieux!)
A ranger dans le même rayon, la pseudo-suppression de la
carte scolaire. Comme il est difficile de pousser les murs,
lycées et collèges publics cotés n'accueillent pas plus
d'enfants. L'annonce gouvernementale d'"aménagement" de la
carte scolaire a surtout multiplié les parents déçus, qui se
sont rabattus (quand ils ont pu) sur les lycées et les
collèges privés. Une déception qui ne doit rien au hasard :
si l'on en croit les auteurs du livre, tel était le but de
la manœuvre. "Devant le naufrage annoncé et comme précipité
de l'Education Nationale, ... l'école privée, bien que
porteuse de ségrégation sociale, est en passe de devenir le
nouvel eldorado de familles séduites par les slogans des
marchands d'école, à longueur de palmarès et d'articles
élogieux que, pourtant les statistiques officielles démentent."
Autant lire au plus vite cet ouvrage salutaire qui met en
garde l'ensemble des parents contre l'asphyxie programmée de
l'école républicaine. Certes, celle-ci ne saurait être
exempte de critique et ne parvient pas toujours à mener à
bien toutes ses missions. Mais elle tente de le faire, avec
de moins en moins de moyens. L'école publique est encore un
lieu de mixité sociale, et elle est seule à garantir un
enseignement laïc, gratuit et obligatoire. Un héritage en
voie de liquidation.
Anne BRIGAUDEAU
Ajoutons que cette école publique subsistera pour les élèves dont les
parents n'auront pas les moyens de payer le privé... autant
qu'elle puisse assurer leur avenir aussi. (tiens, Darcos n'a
pas parlé d'ascenseur social non plus...)
Quant aux programmes, il doit bien y avoir un problème, car même dans le privé, les enseignants s'en plaignent...
En écho avec le long (mais interessant)commentaire précédent, voici le lien d'une vidéo très instructive. A partir de la 10ème minute, on y voit l'interview d'Eddy Khaldi.Ca fait froid dans le dos !
http://defense-ecolerepublique.over-blog.com/3-archive-11-2008.html
Je travaille en école privée (par choix personnel) et peu importe ma couleur politique, mais je suis aussi outrée que vous tous par ce qui se passe!
Et je ne crois pas que nous (le privé) en retirerons des bénéfices comme le laisse entendre le comm' de 0h43. C'est tout l'enseignement qui va en sortir perdant et appauvri si rien ne se passe pour arrêter ces absurdités dangereuses qui nient la valeur de notre métier!
Je travaille aussi en école privée. Je pensais qu'on faisait le même métier que dans le public. Quelle virulence danc ce com de 00 h 43.
le com ne vise pas l'école privée.
C'est une chance d'avoir le choix d'une école privée en France (et pas forcément catholique...)
Et il n'est pas normal que cette école n'ait pas forcément les mêmes moyens (au passage, je n'ai jamais compris pourquoi leur enseignants ne bénéficiaient pas des IUFM. le programme dépend du ministère public, le versement des salaires aussi. pourquoi donc différencier la formation?)
Comme il n'est pas normal que l'école publique de demain n'offre pas l'égalité des chances qu'elle promeut encore aujourd'hui (pour le moment)qu'elle se centre sur la didactique et non la pédagogie, qu'elle nie les recherches actuelles, répudie sa maternelle, se sépare de son rased ou de ses brigades...
De toute façon, le débat n'est pas là. Ce que ne semble pas dévoiler l'article de Mme Brigaudeau, c'est que l'école privée n'y gagnera que de l'argent: elle y perdra autant que sa consœur du public en termes de qualité, de condition de travail, de crédibilité... (ce que Kati a visiblement bien compris de sa situation)
M 00h43
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