mercredi 8 octobre 2014

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Un texte de Franck:
Que je vous explique...
Nous sommes une petite école (8 classes) de la banlieue de la préfecture. Nous avons donc une mairie qui a des moyens et met à notre disposition un beau gymnase avec des beaux ballons rangés dans un cagibi sous les gradins.
Chaque rentrée, je prends ma pompe à vélo et avec mes élèves je regonfle tous les ballons (basket - foot - hand - volley - rugby).
Je le fais depuis ma première année dans cette école, c'est à dire septembre 2006.
Puis ce matin, allez savoir ce qui m'a pris, j'ai demandé si un ou deux employés de mairie ne pouvaient pas les gonfler avec un compresseur et à qui je devais faire la demande.
J'ai bien sûr certifié qu'il n'y avait aucun caractère d'urgence. Je peux très bien me débrouiller pour faire sport avec des ballons raplapla...


Ça a mis le bazar à la mairie. De quelles compétences cela relevait? Qui devait utiliser le compresseur? Qui en avait les capacités? Etc...
Du coup, avec les collègues, on a imaginé le scénario suivant:

- Suite à notre demande, les employés de mairie se sont mis en grève pour des conditions de travail inacceptables puisque le gonflage de ballons n'était pas dans leur contrat de travail et demandaient donc une revalorisation de leur salaire. Ils bloquaient du coup l'artère principale en brûlant des pneus devant la mairie.
-La FCPE, soucieuse du bien être des élèves, demande à l'école d'acheter un compresseur. Le Sou des Ecoles veut bien participer à hauteur de 50% de l'achat si l'Education Nationale se charge des 50% restants.
-L'inspecteur, mis au courant, demande à l'équipe pédagogique de monter un projet dans ce sens et de l'ajouter au projet d'école.
-Le syndicat des enseignants s'insurge de cette mainmise sur la pédagogie et renie, réfute, renvoie en bloc l'achat du compresseur par le corps enseignant (même à 50%) car les ballons sont stockés dans un local géré par la mairie et donc sous la responsabilité du maire. Les discussions s'enveniment, le maire est séquestré par les syndiqués.
-Les lycéens, pas en reste, se joignent au mouvement, et envahissent l'Inspection Académique en jetant des petits suisses sur le personnel en criant: "Najat des ronds! Najat des ballons!".
-France 3 s'empare de l'affaire et le sujet devient national. Il est discuté en urgence à l'assemblée.
-La séance est houleuse et le président dissous l'assemblée. Le gouvernement est au plus mal, la révolte gronde sur fond de crise monétaire. Le peuple descend dans la rue en hurlant: " des ronds pour nos ballons!"
-C'est la guerre civile, les régions font sécessions. les Bretons entrent en guerre contre Paris et s'allient avec les Basques et les Catalans.
-Bruxelles vient en aide au gouvernement. D'autres pays s'en mêlent: l'Europe est en guerre, l'Europe, n'existe plus.
-La Chine envoie de l'aide humanitaire et prend le contrôle de toute l'Europe.
-La semaine travaillée passe à 7 jours. Il n'y a plus d'argent, on gonfle les ballons avec une paille...
Bon...
J'ai pris ma pompe à vélo et j'ai gonflé la cinquantaine de ballons pendant que les élèves attendaient patiemment d'en avoir un qui rebondisse...
Moralité: il y a des coups de pompe qui se perdent...

Epilogue: au fait, pendant que je gonflais mes ballons, un élu de la mairie est venu faire son tour au gymnase. Il m'a salué, m'a souri et est reparti...
Franck

5 commentaires:

Barbara a dit…

extra de le retrouver là

j'adore ce "délire"

Una Sonrisa a dit…

Excellent !

Et pour le dernier coup de pompe...bonne nuit ;-)

Elise 45 a dit…

Waouh !!!

Vincent a dit…

J'aime beaucoup ce genre d'histoire...
En tout cas, l'élu de cette commune est poli !!!

Corinne a dit…

Je l'ai sorti d'imprimante.. Donné à lire à mes collègues.. et accroché dans mon bureau. J'adore. Ca me permettra de relativiser et de m'imaginer parfois munie d'une pompe à vélo tenue à bout de bras :-) Merci.